De la qualité des objets

Publié le par marieke.over-blog.net

La semaine prochaine, c'est la fête des mères en Belgique, et chacun se doit de faire un cadeau à sa maman -vive la société de cons(ommation). Le mieux reste de fabriquer le cadeau soi-même, mais lorsque la fête des mères s'ajoute aux anniversaires et Noëls de tous poils, on se retrouve vite débordé (j'ai une grande famille). Et plus on grandit, plus les mamans sont exigeantes : je doute que la mienne se contente encore d'un collier de pâtes. J'ai donc décidé de lui offrir un livre sur les gestes écolo au quotidien. Déjà je n'en ai pas trouvé, alors que j'en ai trouvé des centaines sur comment mincir :S

 

Mais là n'est pas vraiment mon sujet. C'est surtout que, de désespoir, j'ai passé mon après-midi à déambuler d'enseignes en enseignes, sans savoir vraiment quoi acheter qui puisse être utile, pas trop nocif pour l'environnement, durable, et qui lui plaise. Dur dur.

Ainsi je me suis promenées entre des amoncellements de produits divers. J'ai commencé par mes enseignes préférées : Oxfam, Love me Tender (une boutique de produits indiens et népalais)... et j'ai fini par échouer chez Blokker et, le pire du pire, la boutique de cadeaux papeterie du centre commercial, où ne se vendaient que des objets inutiles, destinés à faire rire ou sourire une fois la personne à qui on les offre, et à finir au fond d'une poubelle, ou au mieux d'un tiroir : peluche me to you, mug en forme de pénis, en passant par le gel douche à paillettes I'm a star 90% paraben, et j'en passe. Chez Blokker, ce n'est pas mieux : les ustensiles en plastique made in China (sweatshop garanty) cotoyent produits insecticides et objets décoratifs aussi laids qu'inutiles. Qualité Blokker bien entendu, c'est à dire : qui ne dure pas. Destinés à la poubelle. A vomir. Le pire, c'est qu'il y avait un monde fou, qui y faisait le plein de babioles, de gadgets. Ils avaient l'air heureux, tous ces gens, détendus. Ils ne cherchaient rien de spécial mais s'extasiaient parce qu'ils avaient touvé un taille-crayon Diddle ou les derniers stylos parfumés vus à la télé. Et ils achètent !

 

J'ai entendu parler d'une époque, il n'y a pas si longtemps, où l'argent avait de la valeur ("un sou c't'un sou", disait ma grand-mère), et où chaque dépense était réfléchie et calculée. Pas question de gâcher son argent à des futilités, chaque achat est un investissement qui doit durer dans le temps. A cette époque, les objets étaient basiques (un balai, c'était un balai. Aujourd'hui, on trouve des balais avec poils en micro-machins qui attrappent mieux la poussière, et avec un manche ergonomique ajustable, et avec des accessoires amovibles...), mais ils duraient longtemps. Même les chaussures, qui aujourd'hui ne durent pas 6 mois (à moins d'être portées rarement), duraient à l'époque plusieurs longues années).

 

Aujourd'hui nous sommes habitués à remplacer un objet tellement vite qu'il est impossible de trouver de la vraie qualité. A moins d'aller chez un artisan. J'ai des sabots que j'ai achetées chez un sabotier, un vrai, qui faisait tout lui-même dans son atelier. Je fais tout avec mes sabots (sauf aller enseigner) : mon ménage, mon jardinage... Ils ont pris la neige, la pluie... En trois ans, ils n'ont pas bougé, ils sont encore comme neufs. Les bottes que j'ai payées très cher chez Advance (Quality store !) n'ont pas fait une saison. Elles ont juste servi pour mon travail.

 

La mauvaise qualité des objets, aujourd'hui, est volontaire : si un objet dure trop longtemps, le consommateur n'aura pas besoin ni envie d'en acheter un autre à la place avant longtemps, et ce n'est pas bon dans notre système économique. C'est dans l'électroménager que cette science de la mauvaise qualité est poussée le plus à fond : avez vous remarqué que vos lave-linge, frigo, et autres lave-vaisselles avaient la sale habitude de tomber en panne quelques semaines à peine après la fin de la garantie ? Il y a toujours un élément qui est prévu pour s'user et lâcher au bout du temps imparti. S'il ne lâche pas (ça arrive parfois), alors, pour le fabriquant, il est défaillant. Et bien sûr, le coût de la réparation est toujours largement supérieur à celui de l'achat d'un nouvel appareil.

 

Au XIIIe siècle, la production d'un artisan était sévèrement controlée par la guilde dont il dépendait. Si la qualité n'était pas au rendez-vous, l'artisan était considéré comme un arnaqueur aux yeux de la loi, et sévèrement puni. Souvent, il n'avait plus le droit d'exercer. La qualité des produits fabriqués dans une ville faisait la réputation de celle-ci, et d'un corps de métier tout entier. De même, l'artisan ne pouvait décider lui-même des prix de ses produits, celà était imposé par la guilde ou le conseil communal. Face à la concurrence, il n'avait d'autre choix que d'augmenter encore la qualité.

Le client, à cette époque, savait ce qu'il achetait, et était bien plus protégé qu'aujourd'hui.

Publié dans Ecologie

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